J'ai pris mon mal en patience. Pour être lu, je le sais maintenant, il faut accepter le terrible sort d'un livre de poche : l'usage. Mais, je veux bien.
Je veux bien qu'on me triture, brouillonne, griffonne, note, surligne, souligne, estampille et même qu'on m'écorne.
Je veux bien les tâches de café, de beurre, de kir, les cendres de cigarettes et autres petits débris qui accompagnent immuablement l'intense activité de mon lecteur.
Je veux bien les quenottes d'un chaton en mal d'action qui mordille ma quatrième de couverture quand on m'aura oublié sur une table de chevet.
Je veux bien dégringoler d'un lit, et m'écraser dans des positions pas toujours avantageuses, froissant quelques pages, parce que mon lecteur sera tombé de fatigue un soir où le sommeil est plus fort que le suspens.
Je veux bien être transbahuter ici et là entre un paquet de mouchoirs, un bâton de rouge à lèvres et un trousseau de clés, un peu secoué dans un sac à main. Et même je veux bien être fourré dans une valise entre une paire de tongues et un anti-moustique en spray et revenir de ce voyage estival, tout parsemé de petits grains de sable : ça fait des souvenirs.
Je veux bien héberger entre mes pages une photo d'amoureux transi, une liste de courses, une place pour le concert de Lorie, une carte postale du Mexique ou n'importe quoi qui fera office de marque-pages. Je m'accommoderai de ces intrus.
Je veux bien tout ça, j'ai le papier dur.
Mais je ne veux plus jamais servir de cale-meuble ! Pitié !
7 commentaires:
Cher monsieur le livre de poche,
Je tiens à vous faire remarquer que vous avez été écrit par un certain J-P Sartre... vous l'aviez quand même bien cherché, non ?
PS : Sinon, les filles, "J'aime beaucoup ce que vous faites"
A l'ex > on leur dira (aux filles).
Et ça te dérange pas d'être posé dans les chiottes? qu'on tourne tes pages même après s'être torché?
Ah ah, je viens seulement de voir ton commentaire ! Normalement maintenant c'est bon, on peut commenter. Tout à fait d'accord pour le livre, les gens qui s'en servent pour caler les meubles, ça me donne des envies de meurtres... ceux qui les posent ouverts à l'envers aussi, d'ailleurs !.... et ceux qui les cornent, et ceux qui laissent leurs gamins arracher les pages ! raaaaaah !
c'est vous les bidules!!
Yeah ! la parole aux bidules enfin!
oooooh les pauvres !
c'est vrai on les martyrise trop ces livres alors qu'ils nous apprennent pleins de choses ou nous transporte dans un autre monde, nous fait rêver et tout ce qu'on leur rend en retour c'est de se faire ecrabouiller par les pieds d'une table ...
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