Je suis LE pneu hors compétition.
Je résiste aux attaques, à la pluie, le vent, le verglas. Avec mes trois confrères je trime à toute heure du jour et de la nuit. Mais surtout je suis le témoin de chaque mouvement historique car l'homme qui me commande à la fâcheuse habitude d'être là où la foule se réunit.
Je ne vois que des pieds mais l'image est assez signifiante: d'un côté plusieurs centaines de baskets trouées, parfois même des tongs, et de l'autre une cinquantaine de bottes noires et reluisantes.
Mais je ne vous parle pas aujourd'hui pour vous faire un cours d'histoire; ce qui m'amène à vous ce sont mes doléances: la vie d'un pneu de camion de CRS n'est pas toujours rose. On envie le pneu Twingo ou Clio.
Je ne supporte plus le poids de ces cinquante chevaliers des temps modernes, des bœufs à peine civilisés. Et le pire dans tout ça c'est qu'une fois ma vie de labeur bien remplie je n'aurai aucune reconnaissance. A la benne! Et on n'en parle plus.
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